ALTKIRCH Les mots des soldats

La poignée de main franco-allemande, symbole d’un renouveau et d’une paix européenne. Photo DNA

Géraldine Cognard-Gross

Samedi soir, la veillée commémorative pour le Centenaire de l’Armistice de la Première Guerre Mondiale, organisée par la Ville d’Altkirch et de nombreux partenaires bénévoles, a accueilli des Sundgauviens et des lycéens désireux de se recueillir autour des textes de ceux qui y laissèrent leur âme.

Bien sûr, tous ceux qui périrent furent privés de la parole. Mais parler, pour les survivants de 14-18, s’est révélé hautement difficile. Qui souhaitait raconter l’indicible ? La plume a ainsi remplacé le verbe, autant à travers les lettres des Poilus que les familles ont précieusement conservées, que par les textes publiés par les plus célèbres des romancierssoldats, Maurice Genevoix (« Ceux de 14 »), Louis-Ferdinand Céline (« Voyage au bout de la nuit »), Blaise Cendras (« La main coupée »), Erich Maria Remarque (« A l’ouest rien de nouveau »), Ernst Jünger (« Orages d’acier »), Nathan Katz, Jean Giono, mais aussi par le paysan-soldat Sundgauvien Dominik Richert (« Beste Gelegenheit zu sterben », devenu « Les cahiers d’un survivant », dont Heinrich Böll, prix Nobel de littérature, avait fait la louange). 

Les participants ont fait preuve d’un engagement fort au service de la veillée spectacle : François Dangel, David Anstett et Philippe Juen qui ont mis en scène et scénarisé la veillée, Gérard Burgun, conseiller municipal d’Altkirch chargé du Devoir de Mémoire, les choristes du Chœur d’hommes Liederkranz, dirigés par leur chef Ludovic Sutter, les comédiens Anne Hengy-Zimmermann, Geneviève Kientz, Lionel Lingelser (par vidéo), mais aussi les treize lycéens du Henner qui ont déclamé, en français et en allemand, les lettres des soldats au front, ainsi que des poèmes de Guillaume Apollinaire et Eugène Dabit.

Deux heures durant, les photos, les vidéos, les chants et les textes poignants se sont succédé dans une chorégraphie hommage à tous ceux qui se sont battus. « L’Hymne à la joie » a clos la rencontre avant qu’une Marseillaise ne soit entonnée avec détermination par tous les présents. Un message fort de concorde et de paix. Dans une société devenue amnésique de sa propre histoire, il convient de garder à l’esprit que rien n’est acquis et qu’il nous appartient de vivre et savoir-vivre ensemble, en frères.

L’ensemble des participants, comédiens, lycéens et choristes, réunis pour une dernière Marseillaise en compagnie du maire, avant le verre de l’amitié offert par la Ville. Photo DNA/Géraldine Cognard-Gross

Des comédiens professionnels et amateurs ont été accompagnés de lycéens pour la lecture des textes de soldats et d’écrivains, ici Anne Hengy et Claire. Photo DNA

Une trentaine de choristes du Liederkranz d’Attenschwiller a magnifiquement rehaussé la veillée de ses chants. Photo DNA