Un témoignage qui mériterait une plus grande diffusion

Par HERAN François le 9 novembre 2014    
Le témoignage de Dominique Richert, dont j'ai achevé la lecture il y a deux semaines, m'a passionné. Centenaire aidant, nous nous sommes lancés depuis quelques mois, ma femme et moi, dans la lecture suivie de nombreux journaux ou récits sur la Grande Guerre. Celui de Dominique Richert est assurément l'un des plus saisissants. Ce témoignage a évidemment une portée universelle pour quiconque s'intéresse à ce que devient l'homme dans la logique de guerre.

    Je n'en dis pas plus ; je me permets de vous communiquer ci-dessous la notice que j'ai rédigée à son sujet pour le site Amazon, auquel j'ai dû avoir recours pour me procurer l'ouvrage. Cette notice a été publiée sur le site ce matin-même, à l'adresse http://www.amazon.fr/Cahiers-dun-survivant-Dominiqie-Richert/dp/2716503028

            François Héran

Les grands récits ou journaux sur la Grande Guerre ne manquent pas, et chacun est unique dans son style, plus ou

moins précis, plus ou moins réécrit, plus ou moins militant, etc. Mais, après avoir lu Maurice Gennevoix, Henri Barbusse, Roland Dorgelès, Louis Barthas, Léon Werth, Jean Galtier-Boissière, Louis Maufrais, Erich-Maria Remarque et quelques autres, tous remarquables en leur genre, je dois dire que j'ai été soufflé par le récit de Dominique Richert. Le texte va droit au but, il est d'une précision phénoménale (dates, lieux, mouvements, moral des troupes). Il nous transporte aussi bien sur le front russe que sur le front français, il décrit au jour le jour la vie du soldat allemand (qui souffrait de la faim bien plus que le poilu français), le jeu incessant et absurde des attaques et des retraites, la mort qui frappe au hasard. Sans faire de grands discours, Richert est viscéralement allergique au militarisme prussien. Ce qui frappe surtout, c'est son humanisme spontané, en rupture ouverte avec l'endurcissement et la cruauté qui étaient de rigueur autour de lui : Richert se bat à maintes reprises pour secourir les blessés abandonnés, épargner les prisonniers ennemis, desserrer une discipline inhumaine. Sa curiosité est sans cesse en éveil : de passage dans une ville nouvelle, il n'hésite pas à "sécher" la revue d'armes pour aller visiter les lieux. Nommé sous-officier, il rédige un rapport qui stupéfie son commandant : comment un simple paysan peut-il faire des comptes rendus à la fois aussi précis et aussi synthétiques ? Un second rapport lui est demandé et le gradé doit se rendre à l'évidence : c'est bien Richert qui l'a rédigé !

Le texte original est en allemand, mais la version française (réalisée par le neveu de l'auteur) se lit fort bien ; elle ne sent pas du tout la traduction. Il faut remercier la famille et les chercheurs qui ont rendu cette édition possible. Mais le récit de Richert mériterait d'être réédité dans une collection de poche d'envergure nationale pour le grand public, car il se classe à l'évidence parmi les témoignages les plus forts qu'aient pu écrire les hommes du peuple sur l'expérience de la Grande Guerre. Quel dommage qu'il ne soit pas davantage connu !

Hansjakob Schneider    http://www.1418-survivre.net/wp-admin/post.php?post=3674&action=edit

 Hansjacob Schneider, dramaturge suisse a également été impressionné par les écrits du paysan sundgauvien dont la qualité de l'écriture est tout simplement extraordinaire pour un homme qui a quitté l'école primaire à 12 ans. HJ Schneider écrit dans la "Basler Zeitung:"Das buch est kein Roman, es ist eine Chronik . Richert erinnert sich an alles haargenau, und er schreeibt alles haargenau auf.Das füuhrt zur gnadenlosen Authentizität.
"Im westen nichts Neues, stellen, Niemand kennt dieses Buch, niemand hat mir etwas etwas darûber erzählt .Typissch Elsass, denkt man die kennen nicht einmal ihre grossen Dichhter, und auch wir Nachbarn kenne sie nicht. Es lohnt sich eben schon, zu den Nackbarn hin!ûberzufahrrend und an die Fenster zu klopfen.Sie haben uns etwas zu erzählen".