Contribuer à une thèse sur les langues en Alsace

 

Carole Werner, encadrée par Fabien Dreyfuss et Nicolas Vignos, de l’équipe de l’Abri-mémoire d’Uffoltz, où la doctorante présente ce soir son travail de recherche. Photo L’Alsace/R.G. Carole Werner, doctorante en sociolinguistique historique, présente ses recherches sur l’inuence réciproque des langues allemande et française avec les dialectes alsaciens dans les écrits, entre 1681 et 1914, aujourd’hui à 20 h à Uffholtz.

 

« Quelles sont les inuences de l’allemand et du français dans les dialectes alsaciens, et réciproquement des dialectes alsaciens dans les écrits en allemand ? » C’est par cette question que Carole Werner résume le propos de sa thèse de doctorat, débutée l’an passé. La doctorante de l’Université de Strasbourg présentera son travail ce jeudi 21 mars à 20 h à l’Abri-mémoire d’Uffholtz, où elle est en résidence toute la semaine  (pour des détails sur le travail universitaire, lire l’encadré intitulé « Le sujet »).

Ce qui intéresse la discipline sociolinguistique, « ce sont les rapports entre les langues et les sociétés, explique la chercheuse. Nous ne hiérarchisons pas les langues, nous les observons de la façon la plus brute, la plus objective possible. La défense de la langue, c’est le rôle des associations ». La thèse de Caroline Werner introduit deux bornes temporelles : 1681, date du rattachement de Strasbourg à la couronne de France, et 1914, avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

« Avant la Grande Guerre, le commun des mortels n’avait pas besoin d’écrire , fait remarquer la doctorante. Prendre en compte toutes les années du conit aurait été trop conséquent, j’ai choisi de ne retenir que l’année 1914. » Cartes postales, lettres et autres documents : depuis lundi, la jeune femme compile les données offertes par le fonds d’archives de l’Abri-mémoire d’Uffholtz (lire l’encadré ci-dessous à gauche).

Pour son étude, la jeune femme puise son matériau à des sources variées : « Les livrets d’amitié sont une tradition depuis le XVe siècle. J’étudie un journal intime bourgeois du XVIIIe siècle. Il y a aussi la littérature et le discours autour des langues développé dans les pièces de théâtre, comme dans D’r Herr Maire , de Gustave Stoskopf, dans laquelle l’auteur s’amuse tout à la fois que les Allemands pensent que les Alsaciens maîtrisent l’allemand, et que les Alsaciens ne maîtrisent rien de plus que l’alsacien. En étudiant la langue, on apprend beaucoup de l’époque. »

Carole Werner appelle les personnes et les sociétés d’histoire en possession de documents qui témoignent de l’inuence réciproque des langues allemande et française avec les dialectes alsaciens, à prendre contact avec elle. « Toutes les personnes qui auront contribué seront citées dans le travail universitaire », précise-t-elle

L’Abri-mémoire et la paix

« Le travail de Caroline Werner entre en résonance avec la vocation de l’Abri-mémoire, un lieu de mémoire consacré à la Grande Guerre, qui œuvre pour la citoyenneté et la paix, rappelle Nicolas Vignos, son directeur. Le point de départ du travail de Caroline, c’est l’individu et sa manière de s’exprimer. Depuis des années, nous animons des ateliers avec des enfants, autour des lettres des combattants. À partir du moment où on comprend l’usage qui est fait d’une langue et l’évolution de son usage, on comprend aussi que la barrière linguistique ne doit pas constituer une barrière entre les êtres humains. »

LE SUJET

« Les traces de contact des langues chez les scripteurs en Alsace (1681-1914) : éléments pour une sociolinguistique historique en Alsace », sous la direction de Dominique Huck et Odile Schneider-Mizony. Carole Werner est doctorante au département de dialectologie alsacienne et mosellane de la faculté des langues de l’Université de Strasbourg et fait partie de l’équipe d’accueil de Lilpa (Linguistique, langues et parole).

 

Voir notre vidéo sur www.lalsace.fr Y ALLER Ce jeudi 21 mars à 20 h à l’Abri-mémoire, 1, rue du Ballon, à Uffholtz. CONTRIBUER wernerc@unistra.fr, tél. 06.37.50.57.02.