Article Les Cahiers d'un survivant, de D R, est un roman pacifiste..

les-cahiers-d-un-survivant-de-dominique-richert-est-un-roman-pacifiste-considere-comme-le-1451166249Les Cahiers d'un survivant, de Dominique Richert, est un roman pacifiste considéré comme le meilleur ouvrage humaniste par Heinrich Böll, ayant une valeur littéraire et historique absolue ; c'est un pamphlet anti-guerre à mettre entre les mains de tous les "cons" . François Dangel

Illfurth Le prix à payer
soldat philibert bihl 

La guerre 14 – 18 en toutes lettres  : la commune d'Illfurth a monté un grand projet autour du centenaire de l'évacuation du village durant la Grande Guerre. Une veillée-spectacle, une exposition, mais également des conférences, rythmeront une commémoration qui débutera le 8 janvier 2016.

Tout est parti de lettres écrites par quatre soldats illfurthois, Eugène Wolf (qui s'est engagé dans la Légion après avoir déserté), Arthur Frähring (tombé sur le front russe en novembre 1916), Philibert Bihl et Jean Sutter. Des hommes ordinaires qui ont vécu des choses extraordinaires, au coeur d'une barbarie absurde. Leurs témoignages ? De vieux papiers qui dormaient au grenier ou à la cave, comme si l'oubli pouvait faire disparaître l'Histoire.

Les familles connaissaient l'existence de ces lettres. Malheureusement, écrites en « Sutterlinschrifft », un vieil allemand indéchiffrable, elles étaient intraduisibles pour des néophytes.

Pauvre bougre obligé de tuer pour ne pas être tué…

Avec l'aide du professeur Kling, un enseignant d'origine allemande, et de la mère de Pierre-Paul Kientz, ce sont des dizaines et des dizaines de lettres, mais aussi des cartes postales, qui ont été traduites, mettant à jour des éléments d'une ampleur historique et humaniste exceptionnelle.

Il en ressort non seulement des faits de guerre, mais aussi un vécu et un espoir. Des mots d'autant plus poignants qu'ils sont écrits avec le coeur et dans leur réalité crue, malgré la censure, exprimant la vie du sans-grade passé de sa condition de paysan à celle de soldat, pauvre bougre obligé de tuer pour ne pas être tué…

La soirée commémorative, intitulée La Guerre 14 – 18 en toutes lettres, sera donnée à deux reprises, les vendredi 8 janvier et samedi 16 janvier prochains. Elle sera l'occasion de célébrer un triste centenaire, pas la guerre telle que vantée par l'histoire militaire, mais la guerre telle qu'elle fut vécue par les hommes du front.

Une boucherie qui n'a ni nom ni raison

Une équipe de passionnés a travaillé d'arrache-pied depuis des mois à partir des témoignages de ces quatre soldats. Les lettres que ceux-ci ont adressées à leur famille témoignent de faits exceptionnels, frôlant la censure, mais évoquant toutes la même chose : le quotidien du soldat, la misère, les poux, le manque de nourriture, le froid, l'angoisse avant l'assaut, et surtout cette boucherie qui n'a ni nom ni raison.

Ils n'ont qu'un souhait, qu'une hâte, que cette monstruosité s'arrête enfin pour qu'ils puissent retrouver leur « Heimat ». Jamais il n'est question de faits d'armes, de grandiloquence patriotique, de culte d'héroïsme dont parle la propagande à l'époque. Ils vont, pour certains, jusqu'à dénoncer le « meurtre de masse » !

Philibert Bihl (1898 – 1918), comme ces millions de jeunes gens, est mort pour rien. Il avait à peine 20 ans. Des extraits de ses lettres, comme celles de ses camarades illfurthois, seront lus durant la veillée, au cours de laquelle la guerre 14-18 sera évoquée sans en souligner les clichés et les mythes.

Comment des Illfurthois mobilisés dans l'armée allemande avaient-ils vécu la guerre ? C'est vraiment l'aspect psychologique des hommes qui sera mis en avant, leur état d'esprit, leurs sentiments. Il ne s'agira pas d'un spectacle, mais d'une veillée qui donnera à voir et à entendre, qui racontera la petite histoire dans la Grande Histoire.

Avec le comédien professionnel Lionel Lingelser

L'équipe de la commission culturelle municipale, composée de Pierre-Paul Kientz, Fabienne Bamond et le maire Christian Sutter, s'est chargée de recenser les documents et de les recouper avec le contexte historique.

Le précis et précieux François Dangel a conçu le déroulement de la veillée, en élaborant les textes qui seront lus par le comédien professionnel Lionel Lingelser. S'inspirant des lettres des soldats, mais aussi des textes d'écrivains remarquables (cf. bibliographie) et des travaux réalisés par l'historien local Joseph Heusch, « Franz » Dangel a écrit la trame d'une soirée qui s'annonce émouvante et forte, racontée en allemand et en français.

Elle sera illustrée de vidéos montées (à titre gracieux) par un caméraman de TF1 et enfant du pays Vincent Ruckly, mais aussi de chants et de musique.

Le groupe folklorique des Burgdeifala s'occupera plus particulièrement de la partie musicale tandis que la mezzo-soprano lyrique Nathalie Schneider aura à coeur de faire vivre, par sa voix, l'ébahissement de ceux qui eurent à subir la première barbarie des temps modernes. Les comédiens du cercle théâtral d'Illfurth apporteront également leur concours.

Cent ans après, revivre le quotidien de jeunes soldats dont trois y ont laissé leur peau (seul Jean Sutter a eu le bonheur de revoir les siens), fera autant école de la tolérance que message universel de paix.

Géraldine Cognard-Gross Bibliographie : Maurice Genevoix ; Erich-Maria Remarque – A l'Ouest rien de nouveau ; Ernst Jünger – Orage d'acier ; Dominique Richert – Les Cahiers d'un survivant.

 

Bibliographie : Maurice Genevoix ; Erich-Maria Remarque – A l'Ouest rien de nouveau ; Ernst Jünger – Orage d'acier ; Dominique Richert – Les Cahiers d'un survivant.