Pour les collectionneurs et amateurs d’histoire liée à la Première Guerre mondiale, les deux prêts de pièces faits au Mémorial de Haute-Alsace, à Dannemarie, constituent un événement. Visibles durant toute cette saison 2025, c’est elles que la rédaction a choisi pour lancer le premier volet de cette série d’été intitulée « Trésors des musées sundgauviens ».
Nathalie Thomas – 13 juil. 2025 à 06:19 | mis à jour le 13 juil. 2025 à 20:30 – Temps de lecture : 3 min

Le casque à pointe d’Elsass-Lothringen de modèle 1 895. Photo N.T.
Ce sont deux pièces exceptionnelles qui ont rejoint la collection du Mémorial de Haute-Alsace et qui sont à découvrir jusqu’à la fin de la saison 2025, fin novembre.
C’est d’abord un casque à pointe de Feldgendarme d’Elsass- Lothringen (Alsace-Lorraine) de la période du Reichsland (1871-1918) qui est prêté par Gérard Mattioli, l’un des plus grands collectionneurs haut-rhinois de l’Empire allemand.

Une pointe pour susciter la crainte et dévier les coups de lame
Expert à l’alliance européenne et au syndicat national des antiquaires de France pour Théodore Deck, Gérard Mattioli parle du casque à pointe avec une même expertise.
« Chaque Land ou ville libre allemande avait ses propres modèles de casque avec son blason. Le premier date de 1842 et il disparaît définitivement en 1916 avec la bataille de Verdun parce que les soldats le portant étaient trop visibles. »
Le casque en question appartenait à un policier en charge de la surveillance des frontières, avec des ailes d’aigle largement déployées — contrairement à l’aigle prussien aux ailes rabattues — et un blason avec le même emblème.

Il y a deux trous au bas de la pointe en laiton pour permettre l’aération, la pointe servant à la fois à susciter la crainte chez les adversaires mais aussi à dévier les coups de lame. La coque est en cuir bouilli. La jugulaire en laiton comporte des écailles et est sertie dans une cocarde aux couleurs de l’Empire. « C’est un modèle 1895 », indique Gérard Mattioli, le laissant à la disposition du musée pour la saison 2025. « Tout collectionneur sauvegarde des informations sur l’histoire », souligne Roland Poillet, vice-président de l’association Devoir de mémoire et patrimoine dont la mission est de poursuivre la préservation du souvenir et des témoignages par les objets présentés au sein du Mémorial. « On se veut être un village dynamique qui s’inscrit dans l’histoire », a-t-il complété.
Le ravitaillement militaire par voie ferrée
Le second objet, installé dans l’espace dédié au Grand canon de Zillisheim, est un wagonnet français, sur voie ferrée de 40 cm, servant au ravitaillement en munitions et en mortiers des deuxièmes lignes du secteur de Suarce.

Gérard Mattioli, entouré par Jérôme Boccara et Roland Poillet, membres de l’association Devoir de mémoire et patrimoine, prête le casque à pointe au Mémorial pour la saison 2025. Photo Nathalie Thomas
En 1918, l’armée française revendit ce matériel militaire qui servit alors aux civils, comme aux aïeuls de Philippe Mattin, actuel président de l’association Souvenir Amitié de Meroux-Moval et propriétaire de l’objet.
Il est identique à celui utilisé par les Allemands pour transporter, sous l’ascenseur du canon de Zillisheim, des charges de poudre et de douilles.
Renforçant l’attractivité du musée, ces deux pièces s’associent à une politique de visibilité du Mémorial.

Potentialités touristiques et communication jeunesse
Lors de l’accueil des deux nouvelles pièces au Mémorial de Haute-Alsace, Jean-Claude Schiehlé, membre de l’association Devoir de mémoire et patrimoine, chargé de communication, a présenté de nouvelles potentialités touristiques que veut saisir le musée : les croisiéristes accostant à Huningue, les associations de cyclotourisme, les centres équestres, sans oublier la poursuite des visites scolaires.
Une future exposition sur les chopes de soldats, chacune d’elles étant une pièce unique, véritable carte de visite du soldat, est aussi à l’étude pour toujours renouveler l’intérêt.
Une influenceuse mulhousienne, Orlane Simon, viendra effectuer des tournages sur le site, dans lesquels elle évoquera trois figures emblématiques du Mémorial comme le caporal Peugeot, premier mort français de la Première Guerre mondiale, le paysan mémorialiste sundgauvien Dominique Richert et l’aviateur Adolphe Pégoud, décédé en 1915 à Petit-Croix. Cette communication sur de nouveaux réseaux a pour objectif de susciter l’engouement d’un jeune public.
L’équipe du Mémorial laisse aussi une place de choix à la jeune génération : Mattéo Jeannin, 16 ans, est la mascotte des bénévoles qui proposent des visites guidées et a pour projet de devenir guide-conférencier. Kiara Leidwanger, en master de muséologie, et Marion Lourenco, en licence d’archéologie, ont chacune effectué un stage « super intéressant » au sein de l’équipe.