C’est en rangeant le grenier de l’atelier de son grand-père, l’artiste peintre Paul Ledoux, à Saint-Léonard, que son petit-fils, le Dr François Ledoux, a découvert ses carnets de guerre cent ans après leur rédaction. Un précieux témoignage sur la vie des Poilus, qu’il a retranscrit dans un livre.

Isabelle Schlienger – 01 avr. 2024 à 18:00 | mis à jour le 03 avr. 2024 à 14:45 – Temps de lecture : 3 min

 | 

François Ledoux vient de publier un ouvrage transcrivant les carnets et correspondance de guerre de son grand-père, l’artiste peintre alsacien Paul Ledoux, qu’il a retrouvés intacts dans le grenier de son atelier à Saint-Léonard.  Photo Isabelle Schlienger
François Ledoux vient de publier un ouvrage transcrivant les carnets et correspondance de guerre de son grand-père, l’artiste peintre alsacien Paul Ledoux, qu’il a retrouvés intacts dans le grenier de son atelier à Saint-Léonard.  Photo Isabelle Schlienger

« Ces huit petits carnets à la couverture en cuir étaient restés enfouis dans une boîte en bois, sous de grands cartons à dessins », décrit François Ledoux, non sans émotion. « À l’encre ou au crayon à papier, mon grand-père y a consigné avec précision les événements qu’il a vécus au quotidien avec ses camarades de guerre, au front et dans les tranchées, du 13 novembre 1914 au 12 décembre 1918. À ces carnets s’ajoutent toute une correspondance avec son épouse Élise et des amis, datée des années 1916 à 1918 », détaille-t-il. « Pendant longtemps, mon grand-père est resté discret et parlait peu de cette période de sa vie, c’est d’autant plus poignant. »

C’est avec l’appui de Jean-Noël Grandhomme, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lorraine, que François Ledoux vient de publier Paul Ledoux, peintre alsacien engagé volontaire dans l’armée française : carnets et correspondance de guerre (1914-1918). Un travail conséquent qui a pris du temps, la transcription ayant été effectuée par un groupe d’étudiants dirigés par Jean-Noël Grandhomme. De près de 400 pages, l’ouvrage est largement illustré de photographies et de croquis et dessins de l’artiste peintre alsacien.

« Rester français jusqu’au bout »

Né le 18 novembre 1884 à Illkirch-Graffenstaden, Paul Ledoux s’était destiné très tôt à une carrière artistique, fréquentant les Arts décoratifs de Strasbourg, l’École des beaux-arts de Paris et l’Académie des arts de Munich. Installé à Paris lorsque la guerre éclate, il s’engage dans l’armée française pour la durée du conflit, « pour rester français jusqu’au bout », insistait-il, car quatre de ses frères vivant alors en Alsace avaient été enrôlés dans l’armée allemande.

En tant que citoyen allemand, il fut enrôlé dans la Légion étrangère sous le nom de Jean Fauconnier, puis incorporé au 113e régiment d’infanterie. « J’ai récemment retrouvé son faux carnet militaire, on y lit qu’il serait né à Nantes… », confie François Ledoux. Son grand-père a combattu en Argonne, puis dans l’Oise. Il fut dessinateur, secrétaire, interprète versé aux services de télégraphie et du renseignement, ainsi qu’à la protection des œuvres d’art. Il sera titulaire de la croix de guerre. « Il fut un poilu chanceux », résume son petit-fils. En 1920, Paul Ledoux fut nommé professeur de dessin au lycée Kléber, à Strasbourg. À sa retraite, en 1947, il s’installa définitivement à Cannes, où il décéda en 1960. Il est inhumé à Rosheim.

Portraits, paysages, scènes de vie, peintures religieuses et décors d’églises, réalisées au crayon, à l’encre de Chine, à la peinture à l’huile, à la gouache, les œuvres de Paul Ledoux sont multiples et dévoilent sa grande créativité. L’ouvrage co-écrit par son petit-fils est l’occasion de le redécouvrir.

Paul Ledoux, peintre alsacien engagé volontaire dans l’armée française : carnets et correspondance de guerre (1914-1918) , par François Ledoux et Jean-Noël Grandhomme, 400 pages, 30 €. L’association des Amis de Rosheim a souscrit 50 exemplaires, au prix de 15 €.