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https://www.lalsace.fr/politique/2023/10/21/memorial-de-haute-alsace-les-dates-cles-d-une-saga-dannemarienne

Le tableau concernant le Mémorial de Haute Alsace semble idyllique, en réalité il est zébré de vilaines ombres. L’avenir de la structure mémorielle dépendra de l’avis des citoyens qui seront consultés cet automne, car si le musée séduit tout le monde, il reste un gouffre financier pour la commune.

Nous ne reviendrons pas aux origines de ce musée voulu par l’ancienne municipalité et ouvert en septembre 2021 dans une ancienne friche industrielle en briques rouges, construite au début du XXe siècle. Selon le maire actuel, Alexandre Berbett, il est très largement surdimensionné dans ses ambitions pour les moyens d’une commune comme Dannemarie, forte de 2 300 habitants.

La situation actuelle ne peut représenter qu’un crève-cœur pour l’élu, historien de formation. « En tant qu’historien, je le trouve formidable mais en tant que maire, je ne peux pas réfléchir que Mémorial ! », s’exclame-t-il.

Le maire se déclare aujourd’hui convaincu que le musée « n’est pas viable dans son fonctionnement actuel ». Même avec la réduction de la voilure faite l’année dernière, qui s’est traduite par la suppression d’un poste, la décision de fermeture hivernale de cinq mois, l’absence de budget de communication – qui devrait s’élever de 40 000 à 60 000 € annuels pour un tel musée -, Alexandre Berbett explique que le déficit annuel de la structure s’élève à 200 000 €.

Les recettes qui proviennent des entrées et des ventes en boutique ne permettent pas de rentrer dans les frais. S’il y a eu controverse au printemps dernier sur le nombre d’entrées au musée entre la municipalité et l’association des Tranchées oubliées, Alexandre Berbett confirme que de septembre 2021 à décembre 2022, le nombre d’entrées s’est élevé à 6 571 (gratuités comprises). Depuis mai dernier, le nombre d’entrées jusqu’à août, s’élève à 1 559, groupes compris. À noter néanmoins, que le nombre d’entrées ne reflète pas exactement le nombre de visiteurs qui peut être un peu plus élevé mais marginalement, sachant que le Pass famille est comptabilisé comme une entrée mais qu’il peut concerner de quatre à huit personnes.

« Pour l’instant, les Dannemariens paient l’entrée au musée au monde entier… »

Quoi qu’il en soit, au prix (raisonnable) de l’entrée, impossible d’équilibrer les comptes. Le budget de la commune, qui absorbe le déficit, s’en trouve sérieusement affecté avec un excédent de fonctionnement annuel plutôt ridicule, de l’ordre de 50 000 €, qui ne laisse quasiment pas de marge de manœuvre pour de nouveaux investissements.

« Pour tourner correctement, nous devrions avoir un excédent de fonctionnement de l’ordre de 300 000 € », souligne le maire de Dannemarie. Qui rappelle aussi l’augmentation de plus de 40 % des impôts fonciers qui a dû être infligée aux Dannemariens en 2021 pour sortir quelque peu le budget de l’ornière. « Dans certains foyers, ça a fait très mal ».

« En réalité, pour l’instant, ce sont les Dannemariens seuls qui paient l’entrée du monde entier au musée », résume sévèrement l’édile dannemarien. C’est pourquoi, la municipalité a prévu d’organiser cet automne une consultation auprès des habitants inscrits sur la liste électorale pour connaître leur avis et savoir quels efforts ils étaient prêts à faire (ou non) pour le maintenir et selon quelles modalités. « Suite aux résultats, le conseil municipal se prononcera sur la saison suivante fin novembre, à la fermeture hivernale du musée ».

Le maire souligne par ailleurs que la Ville supporte toute seule les charges de plusieurs équipements structurants locaux, le Mémorial mais aussi la médiathèque et le Foyer de la culture. « Il aurait fallu penser à une échelle plus large ».

La municipalité a déjà creusé plusieurs pistes pour obtenir de l’aide mais aucune subvention de fonctionnement n’est accordée, le projet de Mémorial n’ayant fait appel ni à d’autres collectivités territoriales ni à l’État pour sa genèse.

Des tentatives de financement participatif sur internet n’ont pas donné grand-chose non plus, ni l’appel à de grandes entreprises pour être mécènes. Un magnifique outil de transmission de la mémoire voit donc son avenir proche compromis.